Le sultanat de Brunei finalise la mise en place progressive de la Charia malgré la pression de la communauté internationale.
C’est sous l’indignation du monde occidental que le Brunei, pays pétrolier de l’île de Bornéo, a adopté mercredi une nouvelle législation d’inspiration islamique. Ce sultanat devient le premier gouvernement d’Asie du Sud-Est à appliquer un tel code pénal. Il s’agit là de la dernière étape d’un processus de mise en place progressive de la Charia qui avait débuté en 2013.
Le non respect de la loi, qui s’appliquera aux musulmans comme aux non-musulmans, sera punissable de flagellation, d’amputation mais aussi de peine capitale par lapidation. Lors d’un discours prononcé mercredi, le sultan Hassanal Bolkiah, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1967 a déclaré vouloir « voir les enseignements de l’islam dans ce pays se renforcer ».
Selon Evangelical Focus, la loi met en danger les chrétiens. Le blasphème est punissable de peine capitale. Un musulman qui se convertit au christianisme est passible de la peine de mort. Ceux qui «persuadent, disent ou encouragent» les enfants musulmans de moins de 18 ans «d’accepter les enseignements de religions autres que l’islam» sont passibles d’une amende ou d’une peine de prison. Les personnes mariées devenues chrétiennes seront séparées de leur époux ou de leur épouse et de leurs enfants.
Michelle Bachelet, Haut-Commiassaire aux droits de l’Homme de l’ONU dénonce ces « peines cruelles et inhumaines ». Dans un communiqué de France Diplomatie, le gouvernement appelle à la renonciation du projet :
« La France est très préoccupée par cette décision contraire aux engagements internationaux pris par le Brunei Darussalam en matière de droits de l’Homme, en particulier la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants signée par ce pays en 2015, la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ainsi que la Déclaration des droits de l’Homme adoptée par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est en 2012. La France appelle le Brunei à renoncer à ce projet et à maintenir son moratoire de fait des exécutions capitales depuis 1957. Elle réitère son opposition à la peine de mort, en tous lieux et toutes circonstances. »
Phil Robertson est directeur adjoint de la division Asie à Human Rights Watch, cette nouvelle législation est « fondamentalement barbare » :
« Le nouveau Code pénal du Brunei est fondamentalement barbare, imposant des peines archaïques pour des actes qui ne devraient même pas être considérés comme des crimes. Le sultan Hassanal devrait immédiatement suspendre tout recours à une amputation ou lapidation, ainsi que toute autre disposition ou sanction qui viole les droits humains. «
M.C.
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